EMLINGEN COMMUNE DU HAUT-RHIN EN ALSACE - FRANCE

Par Franck SCHMITT 68130 EMLINGEN (FRANCE)

 

 

Une maison de la rue Principale

 

Commune du Haut-Rhin, arrondissement et circonscription d'Altkirch (depuis 1790); altitude 295 m, superficie 242 ha dont 40 ha de forêts.

Population en 1851: 321 h, en 1900: 193 h, en 1936: 174 h, en 1962: 196 h, en 1982: 171 h, en 1990: 228 h, en 1995: 272 h, en 2000: 275 h.

Appartenant au chapelet de villages qui jalonnent le cours du Thalbach, Emlingen s'est installé sur la rive droite, pourtant abrupte, à la faveur d'un évasement dû à la confluence d'un court vallon descendant du Nord. Bien que situé à 4 km seulement à l'Est d'Altkirch, le village reste à l'écart de la route de Bâle qui ne franchit le Thalbach qu'à Tagsdorf, à 1 km à l'amont.

La population, dont le maximum de 334 habitants fut atteint en 1846, se trouvait presque réduite de moitié en 1936 et le bref redressement démographique qui suivit la guerre (217 h en 1954) resta sans lendemain en raison de l'exode rural qui persista jusque vers 1968 au taux annuel de 0,75 %.

Depuis la population s'est stabilisée et la très lente décroissance de 0,3% l'an est imputable au déficit du mouvement naturel. C'est un village-dortoir abandonné journellement par 76% des actifs qui se partagent entre Altkirch (plus d'un quart) et Mulhouse (un quart) et surtout la Suisse (près de 40%) car les rares artisans locaux ne créent pas d'emplois. Les autres actifs sont restés agriculteurs (20% en 1975 contre plus de 50% en 1954) mais sur 13 exploitants, seuls 5 le sont à temps plein; les exploitations restent modestes hormis l'une qui dépasse les 50 ha. Dans ce terroir de lœss récent, la culture des céréales l'emporte sur l'élevage - lequel ne mobilise qu'un tiers des 232 ha de la SAU* - et l'on note l'extension récente de la culture du maïs occupant à lui seul plus du tiers des terres céréalières.

Cité pour la première fois à la fin du XIVe siècle , mais probablement d'origine plus ancienne (alémanique),le village d'Emlingen appartient alors à la mairie du Val de Hundsbach dans la seigneurie d'Altkirch.

Le couvent St-Morand d'Altkirch y possédait une cour collongère dont il reste un règlement daté de 1420.

Au nord du finage, le calcaire sannoisien était encore exploité au début du siècle pour la production de pierres et de chaux. Vers l'entrée du val de Hundsbach, au débouché d'un vallon latéral, Emlingen attire à peine l'attention. Avec ses 240 hectares, la localité compte parmi les plus petites du Sundgau. Mais cette exiguïté est signe d'importance: cet emplacement était très recherché. Qui croirait que ce hameau insignifiant s'est trouvé jadis au centre d'un important trafic régional ? C'est pourtant ce que révèle l'analyse de son passé, dont nous ne voudrions résumer ci-dessous que quelques uns des traits les plus importants.

La Source

Les origines

On raconte que le nom du village viendrait d'un tilleul "Linde" en haut alémanique "Linga". Mais on disait autrefois Emilingen (1394), ce qui indique un nom de personne pourvu d'une désinence. D'après cette dernière, qui caractérise la plus ancienne couche toponymique germanique, le nom remonterait à l'époque alémanique (5e siècle).

Certains spécialistes pensent même qu'il ne s'agit ici que d'une adaptation par les Alamans d'un terme plus ancien encore, d'un "Aemiliacum" gallo-romain.

Cette thèse n'est pas prouvée, mais s'accorde avec les données archéologiques: c'est à Emlingen que se situait le point d'éclatement de la grande chaussée romaine venant de Besançon.

Une branche continuait vers Kembs, l'autre menait vers Rixheim et la troisième vers Hégenheim.

Ce carrefour devait se situer très exactement à l'extrémité sud des terres qu'Emlingen a conservé au delà du Thalbach, et la limite orientale de cette section coïncide encore largement avec le début de l'itinéraire de Kembs. On y trouve aussi à côté des "Fichten", le lieu-dit "Kalti Herberg" un souvenir d'une ancienne auberge.

Tout porte donc à croire que le village d'Emlingen avait un finage plus grand et à dû céder une partie de ses terres au profit des villages plus récents de Tagsdorf et Wittersdorf, par lesquels les Francs, au 7e siècle, sont venus surveiller cet endroit stratégique.

 

"En 1672 le village est de la paroisse de Wittersdorf et ne fait qu'un même ban avec lui. Il est composé seulement de dix feux, de deux charrues et de 5 chevaux qui suffisent pour labourer 50 journaux de terre qui sont en valeur, les 50 autres restant en friche. Deux arpents de pré fournissent la provision aux cinq chevaux et les 25 arpents de bois un ample chauffage aux bourgeois de ce lieu lesquels comme propriétaires de ce bois partagent les amendes de grurie avec le seigneur d'Altkirch.

La justice est à Altkirch, le petit ruisseau a qui le réclamera pour chose qu'il vaille et la dîme a celle de Wittersdorf. La contribution au Roi est de 32 livres tournois.

La taille au seigneur de 5 livres bâloises, les autres droits comme dans le reste de la mairie c'est à dire deux poules, la gerbe, le florin, le droit de bourgeoisie, les amendes et les corvées, et les banvins de 2 pots évalués 8 sols, point de cabaret, point d'onguelt, en récompense il y a une petite dîme sur un journal de terre seulement."

Extrait de la description exacte de la terre, seigneurie, bailliage et baronnie d'Altkirch en 1672.

 

DES PARTICULARITES DE LA COMMUNE D'EMLINGEN

 

 

La Chapelle

 

 

 

La chapelle

Dédiée à la Vierge des Sept Douleurs, elle était située autrefois en dehors du village, à l'extrémité sud du ban communal. Reconstruite vers 1759 dans le village, elle se trouvait sur le chemin des pèlerins qui allaient à la chapelle du village, aujourd'hui disparu, de Dennach près de Schwoben.

 

 

Le moulin à huile

C'est un moulin typiquement sundgovien, un moulin à eau qui fabriquait autrefois de l'huile. Entouré d'arbres, dans un cadre pittoresque au bord du Thalbach, le vieux moulin est plus de deux fois centenaire. C'est une solide bâtisse aux murs assez épais, aux fenêtres garnies de barreaux. Les poutres sont apparentes, comme dans beaucoup de maisons alsaciennes. Pour y pénétrer, il faut monter 3 marches, ouvrir une vieille porte qui grince...un peu... Sur le sol cimenté gisent maintenant les restes détériorés de ce qui servait à produire l'huile. Un escalier permet d'accéder au grenier. Autrefois les paysans, du village et des environs, apportaient au moulin leur récolte de colza et de noix.

L'eau du Thalbach actionnait une grande roue qui faisait marcher le pressoir à huile. L'on relèvera les noces en 1867 de Morand DELUNSCH huilier fils de Martin avec Joséphine ETTWILLER, le décès d'Anne Marie RIETSCH qui s'est noyée vers 17h00 le 30.1.1805 dans le Thalbachlein tout près de l'huilerie.

Les fours à chaux

C'est entre les années 1870 et 1880 qu'une carrière à Tagolsheim, à quelques kilomètres du ban d'Emlingen, a été ouverte par Martin DELUNSCH d'Emlingen. Cet homme extrayait de la pierre brute comme matériau de construction ou pour l'empierrement des chemins. Aujourd'hui encore, sur une production annuelle de 43 000 tonnes, près de 20 000 tonnes sont utilisées pour l'empierrement des chemins d'accès aux champs.

Le ban d'Emlingen comptait déjà plusieurs carrières de pierres à moellons et de pierres à chaux. Une sablière donnait vers 1850 du sable blanc de bonne qualité. Aloyse BIECHLIN né en 1849 et qui épouse en 1876 Odile BURGUNDER était brûleur de calcaire, Joseph ACKERMANN de Wittersdorf qui épousa en 1867 Anne Marie TRAENDLIN était fabricant de chaux et l'on dénombre plusieurs tailleurs de pierres dont Aloyse RIETSCH né en 1866, Ambroise FIGENWALD + en 1896 qui habitait n°36 im mitteldorf, Joseph FIGENWALD né en 1822 fils de Joseph tous carriers.

On trouve encore sur place les anciens fours à chaux et les habitations désertées des ouvriers carriers; les wagons et les rails rouillés gisent, abandonnés, et la végétation envahit tout par endroits. Ces maisons étaient occupées, l'une par un forgeron qui faisait également office de serrurier; sa principale occupation était de ferrer les chevaux, d'arranger les voitures, de tailler les fleurets, burins, pics, etc.. de l'entreprise. La seconde maison était réservée à l'hébergement des ouvriers, italiens et autres qui faisaient partie du personnel. Les uns s'occupaient des extractions de roches, les autres du façonnage des pierres, de la manipulation de la chaux, du déblaiement et de la prospection.

 

 


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